Inflation record au Zimbabwe de 2,2 millions pour centL'inflation galopante au Zimbabwe a atteint le taux annuel record de 2,2 millions pour cent. Le chef de l'Etat, Robert Mugabe, a rejeté le faute sur les Occidentaux. Le Zimbabwe a annoncé mercredi un nouveau record d'inflation, avec un taux annuel de 2,2 millions pour cent, chiffre faramineux illustrant l'engluement du pays dans la crise économique, sur fond d'impasse politique post-électorale.
"Les chiffres communiqués par le CSO (Office central des statistiques) indiquent qu'elle (l'inflation) est à présent à 2,2 (millions pour cent)", a déclaré le gouverneur de la Banque centrale Gideon Gono lors d'un discours à Harare.
Le dernier chiffre officiel communiqué pour l'inflation était de 165.000% en février, contre 1.000% en mai 2006. Le seuil symbolique des 100.000% a été passé en janvier dernier, marquant une nouvelle étape dans la dégradation des conditions de vie des Zimbabwéens, dont 80% vivent sous le seuil de pauvreté.
Chaque jour, les prix des denrées de base augmentent environ de 30 à 40%: un pain qui était vendu dimanche 60 milliards de dollars zimbabwéens (environ un dollar US au marché noir) coûtait 100 milliards le lendemain. Les transports publics augmentent leur tarif sur la même base tous les deux jours.
Certains économistes, comme John Robertson, estiment que ce nouveau record annoncé par le gouvernement correspond en fait à celui de mai dernier.
Selon lui, il ne tient pas compte des largesses électorales du pouvoir pour le second tour de la présidentielle organisé fin juin avec "la distribution gratuite de tracteurs, moissonneuses-batteuses et autres machines agricoles qui ne produiront rien car il n'y a ni semences ni engrais".
Pour lui, l'inflation en juin tournait autour de 10 à 15 millions de pour cent et devrait être plus importante en août.
Le directeur du CSO, Moffat Nyoni, a confirmé mercredi à l'AFP que le nouveau record de 2,2 millions pour cent, le plus haut du monde, était peu fiable en raison du manque de denrées, donc de données pour affiner le taux.
Il "s'appuie sur de moins nombreuses observations que nous aimerions en raison des pénuries (...) Toutefois, avec les informations que nous avons réussi à obtenir, tel est le taux d'inflation", a-t-il ajouté.
Le président Robert Mugabe, qui réélu fin juin pour un sixième mandat lors d'une élection boycottée par l'opposition, a appelé à augmenter la production pour contrer l'inflation.
"Notre bataille déclarée contre le fléau de l'inflation galopante doit être remportée", a lancé le président le plus âgé d'Afrique, qui s'exprimait après le gouverneur de la Banque centrale. "Plus nous aurons de marchandises, moins la demande sera grande (...) une fois la demande satisfaite".
En juin 2007, son gouvernement avait déjà tenté d'enrayer cette hyperinflation en imposant un contrôle des prix qui n'avait fait qu'aggraver les pénuries.
Six mois plus tard, la Banque centrale a introduit de nouveaux billets. En mai, elle a dû renouveler l'opération en mettant sur le marché deux nouveaux billets de 100 millions et 250 millions de dollars zimbabwéens.
Pour les pays occidentaux, qui n'ont pas reconnu la réélection le 27 juin de M. Mugabe, c'est la réforme agraire musclée de 2000 avec l'expropriation de fermiers blancs qui est responsable de cette situation, car elle a désorganisé le secteur agricole du pays, ancien grenier à céréales d'Afrique australe.
Le président Mugabe s'est contenté de rejeter sur l'Occident l'origine des difficultés économiques dues selon lui aux sanctions "illégales" imposées aux membres de son régime après sa réélection en 2002.
"Nous devons faire bloc. Les sanctions doivent être combattues", a-t-il réitéré mercredi.