L'incertaine ligne blanche entre "prévention routière" et renflouement du trésorCoup de gueule : Jeudi 17/10 vers 16h à la sortie Cabral-Bellevue, dans le sens Saint-Pierre - Fort de France, un automobiliste se retrouve nez à nez avec une voiture stationnée à contre-sens sur une voie d'accélération. Rencontre inattendue avec une curieuse conception de la "prévention routière".
Vendredi 17 octobre 2008 13:30 | DOMactu.com | Par DOMactu
Interpellé par le danger de la situation, notre prudent lecteur automobiliste ralentit à l'approche du véhicule pour s'enquérir de l'état du véhicule et de son conducteur. Et là surprise, en effet il se trouve que la voiture stationnée n'est ni plus ni moins un véhicule de police banalisé avec radar embarqué flashant à tour de bras !
A l'affirmation un peu naïve de notre automobiliste "vous êtes à contre sens de la circulation sur une bretelle de jonction !" le policier répond impassible "nous faisons de la prévention routière".
Les photos parlent d'elles-mêmes et posent le débat.
Nous avons choisi de publier ce coup de gueule car ce n'est pas la première fois que nous recevons des plaintes de ce type. Effectivement, dans une région il est vrai marquée profondément par des manquements sévères au code de la route (vitesse excessive, alcoolémie, véhicules hors normes de sécurité, épaves roulantes, parking sauvage, comportements dangereux, etc.), ceux qui se considèrent comme automobilistes responsables sont en droit d'attendre des actions efficaces de l'Etat pour enrayer ce problème, mais pas à n'importe quel prix.
Or la réponse de la gendarmerie / police est rarement celle attendue. Et c'est là que le flou s'installe entre "prévention routière" et "renflouement du trésor", on ne peut pas décemment accepter la situation rapportée ci-dessus ou un véhicule de police va enfreindre toutes les lois élémentaires de sécurité pour s'approprier le meilleur "spot", entendre "cash machine", du quartier. Inutile de discuter des heures là dessus, la police / gendarmerie n'est plus dans son rôle dans ce cas précis, elle n'est plus régulateur de circulation mais collecteur d'impôt. Qu'est ce qui empêche cette brigade de réaliser leurs contrôles sur un lieu sécurisé ? Rien, ici nous constatons forcément qu'un principe de "rendement" rentre en jeu, et c'est une démarche pour le moins discutable.
En cela, l'automobiliste lambda est en droit d'être en colère et de dénoncer cette situation. Ce dernier brave chaque soir l'insécurité des routes parsemées de véhicules sans feux, de motards en tirage et autre fous du volant sans permis, et c'est au final lui qui se fait flasher en ligne droite à 75km/h en rentrant de son travail (pour être honnête à 80 km/h déduction faite de la marge d'erreur de 5km/h automatiquement prise en compte). Mais qui est le plus dangereux ? Et surtout qui est vraiment solvable ? L'individu qui roule une épave sans feux de circulation ou le travailleur qui rentre du travail 10 km/h au dessus de la vitesse autorisée ?
Une fois n'est pas coutume, ce coup de gueule régulièrement envoyé par nos lecteurs, nous le relayons. L'idée n'est en aucun cas de diminuer la répression mais d'ouvrir un débat sur les axes prioritaires à exploiter pour une sécurité routière efficace et juste.
- Faut-il uniquement focaliser les efforts sur les excès de vitesses légers ?
OU peut on envisager de répartir les efforts également sur d'autres points noirs tels que :
- De nombreuses personnes savent quand et ou ont lieu les tirages… Quelle hypocrisie, peut-on espérer la mobilisation de moyens pour des opérations coups de filets ?
- Peut-on espérer des contrôles plus fréquents de l'état des véhicules et des mesures sévères d'immobilisation des épaves, véhicules sans feux de circulation, pneus lisses, freins défectueux, etc.
- Va-t-on un jour sanctionner le manquement au port du casque et le défaut d'assurance dans nos régions ?
- La multiplication des " astuces " des gendarmes pour les contrôles radars mobiles (cachés dans un abri bus, derrière un buisson, voiture banalisée dangereusement garée en bord de route, etc.) est certainement productive en termes d'amendes, mais n'est-elle pas contreproductive dans la démarche globale de SENSIBILISATION et FORMATION aux bons réflexes routiers ? Un automobiliste " piégé " n'est certainement pas " sensibilisé ".
Nous vous invitons à apporter votre jugement sur la question.
Merci d'apporter des argumentations constructives pour faire progresser ce débat qui nous concerne tous dans ce que nous avons de plus cher : notre sécurité et celle des autres.
Notre lecteur souhaite vivement interpeller la préfecture sur son expérience, si elle lit ces lignes nous serions heureux de rendre publique sa position à ce sujet.
Mise à jour : le lecteur nous informe qu'il s'agissait d'un véhicule de la Police nationale et non de la gendarmerie. Pour simple précision, car ce type d'initiatives "originales", sont constatées de part et d'autre.
Edito de DOMactu
Photos et faits : Carine G.
Ca mériterais d'etre dans le jardin de mwéditation