Vous vous êtes jamais demandé comment arrivaient les publicités dans votre boite aux lettres, tout ce que ça impliquait ?
J'ai travaillé dans la distribution de pubs pendant 6 jours (une société commençant par A et se terminant par drexo, pour ne pas la nommer), je peux donc vous donner quelques explications :
Les pubs arrivent dans l'entrepot sur des palettes, je supose que ce sont les clients qui s'occupent de l'impression et du transport jusqu'à l'entrepot. La ville est découpée en différents secteurs (plus de 200 pour Montpellier). Pour chaque secteur, le nombre de BALs ( Boites à lettres) est calculé, et les préparateurs, ou le distributeur, vont devoir préparer les poignées (ce que vous recevez, un exemplaire de chaque pub). Sur les deux secteurs que j'ai fait, c'était environ 1000 poignées à préparer, entre 300 et 400g par poignée.
La préparation terminée, on charge la voiture (parfois au delà de ses limites) et on va jusqu'au secteur. Si le poids total des pubs dépasse la charge utile de la voiture, on vous compte un ou des rechargements. Mais bien sur, dans la charge utile, ils ne comptent pas le conducteur, résultat, si vous avez 400kg de charge utile, et 390kg de pubs à distribuer, soit vous dépassez la charge autorisée en vous comptant, soit vous faites un rechargement qui ne sera pas compté, donc pas rémunéré.
Pour la distribution, j'utilisais un grand sac fourni, on m'a proposé un charriot au bout de quelques jours, mais n'étant pas fermé, j'avais trop peur de tout faire tomber en descendant d'un trottoir ou autre, et devoir refaire les poignées. On me fournissais un plan du secteur, et un passe facteur, mais pas de passe Vigik, du coup quand c'était un vigik (les petites pastilles noires) il faut sonner pour se faire ouvrir. La mise en tablette (bac commun à pubs, mettre un tas de pub sur les boites, toussa quoi) est interdite, il faut donc se farcir toutes les boites à remplir. Il faut essayer de se faire ouvrir au maximum les portes d'immeuble, noter toutes les boites non distribuées, ne pas depasser du secteur et aller sur un autre, etc. Les commerces ne doivent avoir que le journal d'annonces (Top Annonces dans mon cas). Assez contraignant, mais on s'y fait.
Le gros problème, c'est la rémunération. Pour info, j'ai lu, mais non vérifié, que les clients (les entreprises) paient par exemple environ 45€ TTC pour 1000 BALs. Les distributeurs sont entièrement payés au smic. Le problème, c'est la façon de payer, à la limite de la légalité. Pour un secteur donné, en fonction du poids de la poignée, et du type d'habitat (HLM, résidences, villas...), une cadence de distribution est calculée. Vous êtes payés sur la base de temps qui est donc calculée ainsi (tant de pubs à distribuer à telle cadence). Les temps de rechargements sont payés, les déplacements intra secteur aussi. Le point problématique, c'est les bases prises. Quelques exemple : les indemnités kilométriques sont de 0.375€ par kilomètre. Le cout de l'essence compte pour 36%, à raison de 9L/100km, et de 1.5€ le litre. A part avoir un diesel qui consomme vraiment peu, je vois mal comment consommer 9L ou moins en moyenne, chargé à bloc, en ville (Montpellier étant connue pour ses travaux continuels). Autre point, les déplacements sont comptabilisé sur une base de vitesse moyenne. 25km/h en ville. Ça pourrait être bon. Sauf que ça dépend énormément des horaires. Et perso, je roule encore plus doucement si je suis complètement chargé. Je n'ai pas pris de photo de la voiture chargée, mais j'avais le coffre rempli, environ 150kilos à l'arrière, des pubs entre les sièges avant et arrière jusqu'à la hauteur de l'assise, et devant, pareil coté passager. C'est quand j'ai regardé, en attendant de voir le chef de centre, une autre feuille de route que je me suis rendu compte de l'incohérence des temps. Le secteur se trouvait près de l'université Montpellier II, donc près de l'IUT. L'entrepôt est presque à coté de chez moi. Une fois, en partant à la bourre pour aller en partiels à l'UM2, jai réussi à mettre 15 minutes pour y aller, mais c'était en roulant à ~70 dès que je le pouvais (et je suis arrivé limite en retard). Au vu du temps rémunéré pour aller de l'entrepôt au secteur, ils payaient environ 15 minutes de trajet. Pour une voiture chargée. Cherchez l'erreur. Perso, j'ai travaillé sur deux secteurs, faits deux fois. Sur un des secteurs, je travaillais environ 3 fois le temps payé, sur l'autre, autour de chez moi, je mettais 2 fois plus de temps que payé. En gros, l'entreprise paye et déclare un certain nombre d'heure, mais on en travaille bien plus. Je ne me rappelle plus du nom exact, mais c'est une pratique illégale.
Pendant les 6 jours que j'aurais travaillé (j'ai arrêté parce que me crever pour même pas la moitié du smic, non merci), j'aurais distribué environ 1700 kilos de pubs. On est sensé respecter les stop pubs et autres étiquettes interdisant la publicité, mais au final, ce que l'on ne distribue pas, c'est jeté en rentrant à l'entrepôt. Donc il n'y a pas de papier, donc d'arbres, économisés. A cela viennent s'ajouter toutes les pubs qui seront jetées directement par les gens qui ne mettent pas de stop pub mais qui ne les lisent pas. C'est là ou je veux en venir : Quel est l'intérêt de ces stop pubs, puisqu'ils ne permettent pas directement d'économiser le papier ?
Sinon, pour le coté
, voilà le siège publicitaire que je m'étais fait avec environ 370kg de publicités :