Vaincre la faim[Le Monde]
Un milliard de personnes souffrent de la faim et il va quasiment falloir doubler la production de céréales pour nourrir les 9 milliards d'êtres humains en 2050. Rappelées par la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la faim, vendredi 16 octobre, ces deux données ne doivent pas prêter à confusion. Croire que la crise économique est responsable de la faim ou que la Terre ne peut pas nourrir 9 milliards de personnes constituerait une double erreur.
Certes, la crise a aggravé la situation des plus pauvres. Mais la malnutrition n'est pas conjoncturelle. Si elle a diminué dans les années 1980 et 1990, la faim regagne du terrain depuis le début du siècle, malgré la croissance économique sans précédent que le monde a connue de 2002 à 2007.
Aujourd'hui, 3 milliards de personnes ne mangent pas à leur faim, 2 milliards souffrent de malnutrition et 1 milliard de la faim. Les raisons sont multiples, mais il en est une qui domine : le mépris affiché pour l'agriculture depuis trente ans. La part de l'agriculture dans l'aide publique au développement est passée d'environ 20 % dans les années 1970 à 4 % au tournant du siècle. Jusqu'à ce qu'elle reconnaisse son erreur, en 2008, la Banque mondiale jugeait qu'aider les agriculteurs à produire était moins utile que de les transformer en citadins. Cruelle myopie : non seulement les pays les plus pauvres ne disposent pas d'industries qui justifient l'urbanisation, mais 75 % des personnes qui souffrent de la faim sont des paysans ou des travailleurs agricoles incapables de vivre de leur travail. Pour réduire la pauvreté, il faut aider le paysan à produire.
De même, pour nourrir demain 9 milliards de personnes, il faudra non seulement changer les comportements -
si un milliard de personnes souffrent de la faim, un autre milliard souffrent de surpoids ! - mais, changement climatique oblige, il faudra aussi promouvoir une agriculture à la fois intensive et écologique. L'accroissement des rendements ne pourra plus, demain, passer par une augmentation des engrais et de l'irrigation. Trente ans après la première révolution verte, les scientifiques doivent, bien au-delà des OGM, inventer l'agriculture de demain. La plupart des spécialistes sont optimistes. Encore faut-il qu'ils disposent de moyens. Les chefs d'Etat et de gouvernement avaient affirmé en juin 2008, lors d'un sommet de la FAO, à Rome, en pleine crise alimentaire, qu'ils seraient au rendez-vous. La Journée mondiale a au moins le mérite de leur rappeler leur engagement.
Article paru dans l'édition du 17.10.09 http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/10/16/vaincre-la-faim_1254757_3232.html
Journée mondiale du refus de la misère ce samediNOUVELOBS.COM | 17.10.2009 | 09:25Avec 17,9% de moins de 18 ans vivant sous le seuil de pauvreté selon les dernières statistiques de l'Insee, les enfants et les adolescents sont plus touchés par la misère que le reste de la population.
Faim, mal-logement, scolarité difficile : les enfants sont parmi les premières victimes de la pauvreté et en payent les conséquences toute leur vie, soulignent les organisateurs de la 17eme journée mondiale du refus de la misère, prévue samedi 17 octobre. "Force est de constater qu'aujourd'hui, la misère est toujours une violation des droits de l'enfant", déplore ATD-Quart Monde, initiateur de cette journée depuis 1987, alors que la convention internationale des droits de l'enfant fête cette année ses 20 ans. Avec 17,9% de moins de 18 ans vivant sous le seuil de pauvreté (910 euros) en 2007 (dernières statistiques de l'Insee), les enfants et ados sont plus touchés par la misère que le reste de la population (13,4%).Ainsi, 30% des personnes vivant dans la misère sont des enfants, souligne ATD.
Les "dégâts de l'errance" des parents
"Pour les enfants, la pauvreté n'est pas seulement une absence de ressources immédiates, elle compromet bien souvent les chances d'une insertion sociale et professionnelle réussie à l'âge adulte", explique l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes). Les enfants payent notamment les "dégâts de l'errance" de leurs parents, qui ne trouvent pas de logement et sont obligés de passer d'hébergement provisoire en hôtel social, note le délégué général d'ATD Bruno Tardieu.
"La misère favorise le placement des enfants" par l'autorité administrative ou judiciaire, déplore-t-il en particulier, alors que 300.000 enfants et adolescents font l'objet de mesures de protection, administratives ou judiciaires. La moitié d'entre eux sont placés hors de leur famille.
Séparation avec les parents
Pour ATD, parmi ces enfants placés, "la majorité sont des enfants pauvres", et "ils n'ont pas toujours le droit de voir leurs parents seuls, ni d'avoir un contact avec eux" alors que "les conséquences à long terme de cette séparation sont indélébiles". "Il est impossible de nier l'importance du facteur 'précarité' dans les séparations enfants-parents subies", abondait en 2000 un rapport de l'Inspection générale des Affaires sociales (Igas) même si, selon l'Igas, les enfants ne sont plus enlevés à leurs familles pour de seules raisons financières.
Echec scolaire
ATD souligne aussi que "massivement les enfants qui échouent à l'école viennent des milieux populaires et de la grande pauvreté", ce qui engendre un cercle vicieux car "sans formation, ils courent le risque de vivre à leur tour la précarité". "Une des raisons majeures de l'échec à l'école est la stigmatisation et les propos discriminatoires que subissent les enfants des milieux les plus démunis", estime ATD.
Suppression du Défenseur des enfants
Samedi à Troyes, à Reims ou dans la capitale, des événements (forum de discussions, lâchers de ballons, chorales...) permettront aux enfants et aux adultes de "réfléchir à un monde sans misère" en mettant par écrit leurs idées, qui seront acheminées jusqu'à Genève pour une rencontre avec l'Onu autour du 20 novembre, jour anniversaire de la convention des droits de l'Enfant.
Le sujet des droits des enfants prend aussi une résonnance particulière en France cette année avec la décision du gouvernement de supprimer le poste de Défenseur des enfants, une décision qui a suscité un tollé parmi les associations, les mouvements pédagogiques et des partis politiques.
Une pétition demandant le maintien du Défenseur comme "institution indépendante", lancée sur internet, à l'initiative de 23 organisations, a recueilli près de 40.000 signatures.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/social/20091017.OBS4902/journee_mondiale_du_refus_de_la_misere_ce_samedi.html
On est en 2009, et il faudrait être optimiste en sachant cela, je sais pas comment les gens font...